jeudi 13 février 2014

La Tour du Pin, ville forte?


Les archives nous livrent parfois des découvertes étonnantes! Tel un petit opuscule écrit en 1888 par Ernest Viviant qui se présente lui-même comme un "homme de lettres à Cessieu." Son but est de convaincre le Ministre de la Guerre, à l’époque Charles Freycinet, de transformer La Tour du Pin en place forte pour résister aux envahisseurs. Cette idée est tellement surprenante que nous lui laissons la parole pour mieux comprendre le but de la manoeuvre!


«La frontière suisse est mal défendue contre les armées formant la triple alliance, et nous pourrions peut-être envahis de ce côté. Dans ce cas, nous croyons que Lyon, seconde ville de France pourrait tomber aux mains de nos ennemis. Il y a lieu d’assurer sa défense d’une façon plus complète, en fermant la seule route praticable qui y conduit. La Tour du Pin pourrait devenir une ville forte, vu sa situation exceptionnelle au centre de l’ancienne voie des Romains… À la fin du XIXème siècle, il était déjà question d’une nouvelle guerre entre la France et l’Allemagne qui pourrait être européenne.

« Les vainqueurs de 1870 peuvent lancer leurs soldats prêts depuis longtemps! »

Les frontières de l’est sont fortifiées, les garnisons sont partout avec des chemins de fer stratégiques et une ligne de forts de Verdun à Toul. Pas de doute, les hordes allemandes seront obligées de plier devant la furie française, et leurs pertes seront énormes. Mais en faisant diversion avec la triple alliance (Allemands, Autrichiens et Italiens), l’Italie pourrait nous reprendre Nice et la Savoie! Les ouvriers italiens, très représentés dans notre région, constituent un réseau d’espionnage continuel. Non seulement ils nous envahissent, mais disputent le travail à nos nationaux.

Il est démontré que les Allemands et Italiens ne peuvent s’aventurer sur la rive droite du Rhône défendu par le fort de l’Ecluse, ni sur la rive droite de la Bourbre en raison des nombreux marais fangeux. Leur unique point de mire sont donc les villes de La Tour du Pin et de Chambéry. Chambéry est trop rapprochée de la frontière. Donc, La Tour du Pin reste la seule visée.

Combien- a-t-elle été espionnée sans que les habitants ne s’en doutent : elle a été étudiée à fond par les Etats-majors allemands et italiens. 
Lorsque Lyon sera en état de siège, le quartier général des troupes ennemies sera immanquablement à la Tour du Pin. Et là, les envahisseurs pourront construire un camp retranché qui les mettra à l’abri des surprises imprévues. Et l’armée française repliée sur Lyon serait obligée de livrer des combats dont notre ville aurait à supporter le choc.

La Tour du Pin occupe une situation unique, qui ne peut être discutée : les coteaux élevés qui l’entourent une fois fortifiée domineront tous les chemins, toutes les issues conduisant à Lyon.»


Des murailles et une tour qui pourraient être le château médiéval de la Tour du Pin détruit en 1591 par les Napolitains et que son auteur voyait peut-être depuis sa chambre d’hôpital. Cette représentation figure sur le volet intérieur gauche du triptyque du XVIe conservé à l'église de la Tour du Pin. 

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