vendredi 14 mars 2014

Une tour-phare à Torchefelon ?


Que ce soit le "torchis" qui sert à construire les maisons, ou "Matafélon","mater le félon" ou "torcher le félon", l’origine du nom crée depuis longtemps un débat!

Dès 850, on évoque un Alexandre de Torchefelon et cette famille gagna en puissance et en influence à travers les siècles. Entre autres, Jean de Torchefelon fut châtelain de la Tour du Pin en 1432. Et un autre, Maréchal de France en 1359.

La légende raconte aussi qu’un grand méchant seigneur ravagea la région en incendiant tout avec une torche. Il se rendit coupable de déloyauté dans ses engagements féodaux et devient félon. Ce serait donc un torche-félon! Si la tradition a une préférence pour "félon", on est en droit de douter que cette grande lignée eût conservé une marque d’infamie mortelle dans son patronyme... Mais précisons tout d’abord que le 2° élément, "félon", n’apparaît pas en 926. D’autres explications que la traîtrise paraissent donc nécessaires.

Dans une charte de 926, ce patronyme est attesté sous “Tortilianum" et ne semble devenir "Torchifellon" qu’au XII°-XIII°siècle. Ce serait donc plutôt un nom de lieu, au départ qui aurait baptisé la famille . D’où un "tortilien" contenu aussi dans "torta via" soit une route tordue, sinueuse. L’explication serait alors liée à la configuration des lieux relativement escarpés.

Pourquoi pas le germanique "fel(s)", rocher tordu, à 527m d’altitude, plus Torticium, torche ? C’était la langue des maîtres de la région pendant longtemps. Dans la Chanson de Roland, le héros de Roncevaux devient "fel", c’est-à-dire terrible, furieux, déchaîné... comme un félin! Quels beaux qualificatifs pour un preux chevalier! Ce serait alors une torche furieuse!

Mais nous préférerions puiser dans le Toscan "falo", proche du franco-provençal, qui désigne "un grand feu pour fêter quelque chose." Et aussi dans "fallot" : sorte de grande lanterne, dérivé du grec "phar(e)." Cette version conforterait l’hypothèse de l’existence d’une de ces tours de signalisation, "torcafalon" ou "torchefelon"où l’on allumait des feux ou fanaux pour le "télégraphe" de l’époque? L’altitude, la situation stratégique au bord de la voie romaine s’inscrit logiquement dans le chaînage des autres sites.

Nos anciens voisins transalpins, les Etrusques ou "Tursci" auraient aussi pu fonder un "Turscilianum", notre "Tortilianum." Or le "torchi(a) falo" est chez eux un "vase à feu où l’on brûlait des torches de résine ou du bois sec", appelé aussi "lanterne." Ainsi cette ultime lecture vient corroborer notre hypothèse pour Torchifellon. 


Le champ d’investigation demeure ouvert... mais reste cohérent! Toutefois, cette hypothèse est dite avec une prudence mêlée d’une affectueuse sensibilité pour les belles légendes... Que nos lecteurs nous pardonnent!

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