dimanche 1 mai 2016

Pas de 1er mai, sans Boule lyonnaise !


Nos boulistes chevronnés du jour perpétuent une tradition qui remonterait au temps des Wisigoths! C'est ce peuple germanique qui aurait apporté le jeu de boules en Gaule vers les années 400... Charles V dit "le Sage" prit des mesures pour interdire sa pratique car, selon lui, il détournait les jeunes gens du métier des armes... Mais nos lointains ancêtres continuèrent à se passionner pour ce loisir, devenu un sport!


Un témoignage précieux, datant du 17ème siècle, nous décrit sa pratique à La Tour du Pin. C'est dire combien cet engouement est historique dans notre ville! Sébastien Locatelli, prêtre italien de Bologne, séjourna à La Tour du Pin en 1664. Dans son livre, "Voyage en France", il raconte la manière de jouer bien différente des turripinois.

"Chemin faisant, la vue de toutes ces belles collines et de ces petites plaines nous rendit un peu de gaieté et nous fîmes sept lieues sans les trouver bien longues. Nous descendîmes à La Tour du Pin. Il y avait là quantité de Français occupés à jouer le souper aux boules, et après le souper, ils retournèrent à la chandelle jusqu'à sept heures de nuit. C'est l'usage en ce pays de ne point se coucher les jours de fête, jusqu'à, ce que le gain de la semaine soit passé dans les mains de l'hôte (...)"


"Dans ce pays, la manière de jouer aux boules diffère beaucoup de la nôtre. Pendant le jeu on ne les touche jamais avec les mains ; elles roulent sur un terrain plat, battu et aplani à l’aide de battes comme les aires des tuiliers qui cuisent des briques et des jarres, et entouré de planchettes de bois, hautes d’un demi-pied contre lesquelles on fait rebondir ces boules pour les rapprocher de la petite boule. Les joueurs tiennent une planchette longue d’un demi-bras, dont ils se servent pour les envoyer et les renvoyer et pour faire pendant le jeu ce qu’on fait chez nous avec mains ; la partie se fait en 12 points. À Rome, j'ai vu cependant jouer de la même manière dans les cours et les jardins des hôtellerie vers la Trinité-des-Monts et le Campo Vaccino. Ils jouent fort bien et ce jeu me plût beaucoup."


C'est à la fin du 19ème siècle que le jeu de boules connut un développement important, en particulier dans la capitale des Gaules. D'où son nom de Boule lyonnaise. Il est antérieur au jeu provençal. Par rapport à la fameuse pétanque, les boules sont plus grandes et le terrain plus long.
Autour de 1900, de très nombreuses sociétés virent le jour, non seulement à Lyon, mais aussi dans tous ses alentours. Le jeu de boules devenait une discipline très prisée, au point que l’on ne comptait plus les bistrots de quartier qui n’aient un clos bouliste. De même, les gens aisés se plaisaient à avoir un clos dans leur propriété.

Cette mode s’étendit bien au-delà des portes de Lyon. Tous les villages avaient leurs jeux sur les places ou dans les cours des cafés. La Tour du Pin comptait pas moins de six sociétés de boules, avec un terrain de prédilection, le Champ de Mars!


La Fraternelle (fondée en 1895) avec ses jeux au Champ de Mars, le siège fut d’abord au café Cotte devenu Roux, puis au café Barruel devenu Collet.
La Boule de la Gaieté, également au Champ de Mars face à l’hôtel de France, siège au café Chavant devenu ensuite café Franco.
La Boule Jean Jaurès au clos bouliste du café Latour, avenue Jean Jaurès devenu café Fl. Guillaud puis Tonini et Bec-Pilat.
La Boule du Canal sur la place Carnot, siège au café Millat puis Terlaud, puis Machet.
La Boule Gambetta, jeux et sièges situés au café Sévère devenur Durand puis V. Rivier.
La Boule de la Vallée, jeux et sièges au café Magoga, route de la Chapelle puis au café Revol au Petit Martinet.

Toutes ses sociétés ont disparu de nos jours. Il demeure heureusement l'Amicale Boule Turripinoise, forte d’une trentaine de licenciés et de très bons résultats dans les différents Championnats de France!


Le Champ de Mars, où se déroulaient les plus grands concours, possédait des jeux bien entretenus par les sociétés ayant là leur siège et jeux. La circulation n’était pas celle d’aujourd’hui, puisqu’il n’existait qu’une seule voie côté sud. Cette place a aussi une étonnante histoire.
C’était à l’origine, la propriété du Marquis Duvivier, qui vivait au château de Cuirieu. Celui dont on dit qu’il fut excentrique ! Il vendit ce pré à la ville en 1839 pour 8000 francs. Mais il imposa une clause afin que ces lieux servent pour les foires aux bestiaux (alors qu’elles avaient lieu en Prailles), que les lavandières du quartier (lavoir situé en bas de la Gare, impasse des Bruyères) puissent étendre leur linge et surtout que les boulistes bien entendu puissent s’adonner à leur passion favorite!

En 1897, un industriel local fit don à la ville d’une partie de son terrain pour réaliser un parc de détente avec des bancs et quatre jeux de boules. C’était François Liard, dont le fils Henri, passionné de boules, fit l’entretien et encouragea la création de l’Amicale de la Place de la Liberté vers 1935. Ce square s’appelle toujours Place de la Liberté avec la dénomination «Comité de la Commune libre de la Place de la Liberté» depuis 1945. Association qui organise chaque année, le 1er mai, un concours de boules en doublettes, avec attribution d’un magnifique challenge. Ce concours subsiste toujours! Les bénéfices sont reversés, notamment au profit d’un don à la recherche médicale et à des œuvres humanitaires.

Un bel événement faisant honneur à ce sport, qui aurait toute sa place aux Jeux Olympiques, non ?…
D'après Jean Husni.

2 commentaires:

  1. très complet.
    Le marquis de Lastic à Vallin y jouait aussi avec les familles de service au château.

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  2. J'ai cherché des photos de turripinois en plein jeu, mais j'ai fait chou blanc ! Alors si vous en avez, je suis preneuse:)

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