mardi 25 février 2014

La mystérieuse Maison des Dauphins


Tout le monde la voit, tout le monde en parle, mais pourtant elle recèle encore bien des secrets! 

Construite sur des bases plus anciennes, on retrouve la date de 1504 sur des inscriptions latines découvertes dans la maison. Elle a été occupée durant les 100 premières années par les capitaines du Châtelain de la Tour du Pin qui jouent alors le rôle de "percepteurs." Les châtelains sont dans le château à l’emplacement du cimetière actuel jusqu’en 1591, date de sa destruction par les Napolitains. Après ils y résideront un certain temps, puis ce sera la famille de Boissac, l’un étant seigneur de Cessieu, l’autre étant seigneur de Cuirieu. 

La légende veut que des hôtes illustres s’y arrêtent comme François 1er. Lors de son retour d’Italie après Marignan, le roi de France séjourne 3 mois à Lyon et décide d’accomplir un pèlerinage à pied vers le Saint-Suaire alors exposé à Chambéry. En réalité, il semble qu’il se soit arrêté dans la maison située 100 mètres plus bas, en face la fontaine médiévale.

Appelée au XIXème siècle maison Sambin, on trouve de nombreuses cartes postales avec le nom de «Pied à terre des Dauphins» puis avec le nom actuel de «Maison des Dauphins»

La maison passe de mains en mains. Sous Louis-Philippe, c’est Joseph Sambin juge de paix de la Tour du Pin et beau-frère de Stendhal, qui en est propriétaire. Son fils, l’abbé Jules Sambin, en fait don à la ville de la Tour du Pin pour agrandir l’hôpital alors situé un peu plus haut, rue de Châbons, au bout de l’impasse de la Nation. Mais devant le coût trop important de la transformation, la maison est alors mise en vente pour 8500 Fr de l’époque. 

1932, vu du haut du jardin, en arrière de la maison des Dauphins.

C’est le baron de Sainte-Julie qui en devient à son tour propriétaire. Il aménage le parc avec des massifs de fleurs, des bassins et vasques, plantant les arbres que nous connaissons aujourd’hui donnant sur l’espace Humbert II. Il perce une porte à l’arrière et le puits dans la cave voûtée. Esprit frivole et noceur sortant tous les soirs, on raconte qu'il utilisait cette porte pour rentrer "discrètement" sans tomber sur son épouse et ses remontrances...

La porte qui donne rue d’Italie a gardé son cachet de l’époque. Elle a servi de modèle à celle que le Baron de Sainte-Julie a fait percer à l’arrière.

À la mort de la baronne de Sainte-Julie (née Picot-Labaume), la maison est à nouveau vendue pour 32 437 Fr et c’est Frédéric Rostagnat qui l’achète. Il la fait inscrire à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques avec l’appui d’Edouard Herriot alors ministre de l’Instruction Publique et des Beaux-Arts. Il effectue de nombreux travaux à l’intérieur et y installe une brûlerie de café.

Son fils Marcel la propose à la ville qui refuse de l’acquérir. En 1973, elle est vendue à un lyonnais qui la dépouille de ses cheminées et la laisse à l’abandon et au pillage! C’est dommage, quelques années avant, Charles Kieffer propriétaire du Cirque Pinder qui avait installé son chapiteau sur le Champ de Mars, voulait en faire son pied à terre pour ses cures à Aix les Bains.

Le manque d’entretien fait fuir les habitants et c’est dans cet état qu’on pouvait la voir juste avant-guerre.

En 1983, suite à un arrêté de péril qui permet l’expropriation, la ville l’acquièrt pour 115 000 Fr. L’imposante bâtisse est dangereuse et les dépenses de remise en état sont considérables. Quelques jours après la grande neige du 8 décembre 1990, 100 m2 de toiture s’effondrent. Le Conseil Municipal opte pour la démolition, les bâtiments de France s’y opposent. C’est alors de nombreuses pétitions et interventions notamment de notre association la Tour Prend Garde. Enfin elle est rénovée et "Pluralis habitat" y construit 6 appartements d’habitation en gardant le rez de chaussée pour la ville.

L'association y a aujourd'hui son siège, dit "la Maison du patrimoine."

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