mercredi 26 février 2014

La maison turripinoise de 1750


Cette maison se trouve à la Tour du Pin, route de Rochetoirin, à la limite de Saint Jean de Soudain.

Les habitations rurales, à peu d’exceptions près, se ressemblent toutes : une toiture basse la plupart du temps en chaume. Mais les maisons qui sont parvenues jusqu’à nous sont en revanche recouvertes de tuiles écaille, le chaume étant trop inflammable!

La construction proprement dite...

Tout d'abord, les murs en pisé reposent sur de légères fondations de cailloux. Creusée sur le devant de la porte, une excavation destinée à recevoir les eaux ménagères et le purin des étables, et à côté, le tas de fumier recouvert de branchages pour le mettre à l’abri de la volaille. 

Entrons et tirons maintenant la chevillette de bois suspendue par un bout de corde, qui sert à la fois de loquet et de serrure. D’abord, voici l’évier garni de sa bassine de fer-blanc et de quelques vaisselles de terre, fort commune, de la fabrique de Ruy ou de St-Didier. En face, se trouve l’escalier ou plutôt l'échelle de meunier, il conduit à l’étage supérieur qui fait office de grenier. Au-dessous de cet escalier se tient le lit du chef de famille et de la maîtresse de maison; il est fort simple et très élevé.

Le berceau est posé sur une table près du lit, puis un autre lit plus petit pour les autres enfants.  Un petit bénitier, surmonté d’une branche de buis béni le dimanche des Rameaux, est placé à la tête du lit, à côté d’une image éternelle et naïve du Christ. Lorsqu’ils seront plus grands, les enfants iront coucher à l’étable. La cheminée sans manteau est en face, elle est garnie de sa claie d’osier, destinée à recevoir noix et châtaignes que l’on met à sécher. La fenêtre étroite et basse, a son châssis garni de papier huilé en guise de vitres. A côté, le pétrin qui sert tout à la fois de table, de panetière et de garde-manger. Dans les deux petites excavations, creusés dans le mur de chaque coté de l’âtre, la ménagère fait cailler les laitages.

Tableau de Louis Lenain, "Intérieur paysan"

Et les provisions ?

Dans notre chaumière turripinoise du XVIIIème siècle, la petite provision de grains, de châtaignes et de légumes secs est entreposée à l’étage supérieur. Quant aux pommes de terres, elles sont placées sous le lit ou dans un coin de l’étable. Le linge et autres hardes sont renfermées dans une espèce de coffre que l’on appelle l’arche, c’est une grande caisse de bois que les familles se transmettent de père en fils. L’usage du "garde-robe", répandu chez les cultivateurs aisés, est peu connu encore chez les pauvres. L’emploi du masculin pour désigner "garde-robe" signifie bien qu’il s’agit des vêtements de toute la famille.


Bêtes et gens!

Bêtes et gens vivaient dans une grande promiscuité... L’étable est attenante à l’habitation et le plus souvent sans aucune séparation, de telle sorte que bêtes et gens vivent pêle-mêle dans une grande promiscuité et aucune hygiène. Beaucoup de ces chaumières des terres froides n’ont pas de cheminée. La fumée se répand alors dans l’habitation d’où elle s’échappe ensuite par la toiture et les ouvertures disjointes. Les habitations des cultivateurs aisés sont plus grandes et un peu mieux meublées, mais en général le goût de la propreté et du confort tel que nous le comprenons aujourd’hui n’existe absolument pas!

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