jeudi 20 février 2014

Le Monument aux morts ressuscité !


Au moment de sa construction sur le Champ de mars par Alfred Boucher en 1922, le monument a été sévèrement critiqué. On le disait «académique, pompier, bourgeois, etc. » ! C’est Antonin Dubost, alors Président du Sénat et maire de la Tour du Pin pendant 40 ans, qui commande à son ami personnel, Alfred Boucher, la réalisation du Monument aux Morts de la première Guerre Mondiale.

Le sculpteur a employé une technique particulière : un squelette en ciment armé sur lequel il appliquait du ciment frais qu’il modelait au pouce comme de la terre glaise. En incorporant des parcelles de cuivre, il voulait donner à l’ensemble la patine du bronze. Mais au lieu de la patine, c’est une fragilité donnée au monument qui absorbe l’humidité.


Dès 1958, on peut lire dans le Dauphiné que ce monument est malade de l’outrage du temps et qu’en 35 ans il a pris l’aspect d’un monument de "la Rome antique" : fissures, lésions, cavernes profondes. La pluie et le gel se sont alliés pour ouvrir des brèches et la calcite, "lèpre de la pierre", a ajouté ses ravages en rongeant un peu partout. Bref, l’état de conservation des sujets du socle représentait à lui seul "les souffrances humaines." Seul le poilu qui veille au sommet dans son attitude glorieuse et sereine semblait d’en bas défier les injures atmosphériques. Mais il ne fallait pas aller voir de près...


Le docteur André Denier qui voyait de sa maison le monument dépérir, a réalisé durant quatre ans de multiples essais. Pour pratiquer sa "chirurgie esthétique", il a d’abord pensé remplacer les parties manquantes par du silicate de potasse sur oxyde de zinc. Il fallait que cette sorte de "ciment de dentiste" soit assez fluide pour être injecté à la seringue dans les fissures. Ce qu’il a fait avec la grande échelle des pompiers! Puis il a réalisé la protection extérieure avec un produit dérivé des silicones, cela donnait une sorte d’enduit plastique. Il avait emprunté l’idée aux américains qui protégeaient ainsi leurs souvenirs historiques comme les vieux bateaux ou les canons.

Mais cette restauration tiendra jusqu’en 1966 où il faudra à nouveau qu’André Denier la recouvre d’une peinture à la pioltite, qui résistera plus longtemps. Cette fois, c’est une plate-forme auto-élévatrice qui a été employée pour arriver en haut du monument.


Le Docteur André Denier avait réalisé une maquette de monument aux morts pour bien en étudier la restauration. Elle est aujourd'hui soigneusement conservée à la Maison du Patrimoine, siège de notre association la Tour Prend Garde.

Sources : www.delcampe.net (images) et articles du Dauphiné de 1958 et 1966.

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