dimanche 9 mars 2014

La Bourbre fait fonctionner les industries


Jusque dans les années 1960, la vallée de la Bourbre n’est que clapotis et agitation industrieuse d’un chapelet de moulins. Leur cordon ombilical est les canaux appelés "mouturiers" afin de réguler le débit pour les besoins de l’industrie. Au fil du temps, ses rives ont accueilli moulins, scieries, filatures, tanneries, forges et fonderies. On en compte une vingtaine, aux alentours de la Tour du Pin.

Après le captage, une première retenue, étang naturel ou artificiel, la "serve", un système de vannes et déversoirs aménagés dans le canal permet d’ évacuer le trop plein et assurer la régulation énergétique.


La multiplication des moulins rend nécessaire l’augmentation des ressources en eau. Il faut construire des barrages munis d’écluses ("écloses"), et éventuellement y conduire de nouvelles sources - fonts ou fontaines - pour assurer la permanence du courant d’eau nécessaire. On va jusqu’à détourner le lit d’une rivière!

Le prélèvement de l’eau est contingenté pour chacun de manière à ne pas compromettre le fonctionnement des autres en aval, surtout en période sécheresse. Le règlement prévoit des contrôles et des amendes. Une marque des canaux et bassins indiquait le niveau autorisé. Ce fut une cause de guerres et procédures permanentes jusqu’à une époque récente.

La Bourbe au Pont de Saint-Clair.

En effet, l’eau est le moteur du travail et de la ressource. Et au Moyen-Âge, selon le droit féodal, même s’il est propriétaire du moulin, l’exploitant paie chaque année une redevance au seigneur pour l’utilisation de l’eau qui coule le long ou à travers ses terres. Cependant que cette précieuse manne ne peut être utilisée librement pour l’irrigation des champs riverains! Que non! En revanche les dégâts causés par des débordements ou ruptures de canaux ne donnent lieu à aucun dédommagement, même si une maison et des cultures sont endommagées ou détruites.

À la Tour du pin, dans le domaine marécageux, il faut trouver un moyen de récupérer au maximum la ressource des eaux stagnantes. Le drainage se fait par des "clausura", chenaux périphériques, et des "bots" ou "chaussées", levées de terre qui longent les "fossés" munis d’un système de vannes qui ouvrent sur le déversoir du trop plein.

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