Elève de Lavoipierre, lui-même ancien élève de David (1748-1825), Stéphanie de Virieu (1785-1873) a laissé un nombre considérable d’oeuvres : dessins au fusain, peintures (portrait de Lamartine), sculptures (sur pierre ou sur bois), mais aussi une correspondance abondante qui marque son influence sur des personnages politiques importants de son époque (comme Dupanlou).
Le personnage de Stéphanie de Virieu est emblématique. À l’époque où elle vécut, on peut imaginer dans quelles incertitudes pouvait se trouver une population partagée entre des tendances opposées. Ce n’est qu’à la fin du Consulat (1804) que les grandes rancunes commencèrent à s’apaiser. Les drames vont marquer son enfance. Son père François-Henri de Virieu est tué au siège de Lyon en 1793, le château familial de Pupetières – situé sur la commune de Châbons ( Isère) - est saccagé et en partie brûlé et la famille erre de refuge en refuge. Dix-huit années douloureuses d’enfance et d’adolescence qui furent pour elle, grâce à la grandeur d’âme de sa mère (née Elisabeth de Digeon), l’apprentissage éclairé de la devise, familiale délibérément positive : « La blessure stimule le courage » et aussi le génie !
Ainsi exprima-t-elle avec autorité et compétence des avis en matière d’éducation, dont tinrent compte les hommes politiques de l’époque, et certaines de leurs lois sont toujours en vigueur, en particulier la loi de 1850 sur la liberté de l’enseignement. Même en ce qui concerne l’industrie, elle seconda son frère Aymon et visita les Forges dans lesquelles il avait des intérêts. Et dans ces établissements, elle en vit assez pour pointer du doigt l’aspect social de l’entreprise, complètement ignoré à l’époque (vers 1840).
L’importance pour elle de la famille, bien que célibataire, est au premier plan. C’était pour elle tellement naturel et spontané que l’éducation des enfants. Ses neveux et nièces parvenaient à échapper à leurs mères ce qui suscita quelques tensions. Néanmoins, au décès de leurs mères respectives, c’est Stéphanie qui assura le suivi de leurs études et l’affection qu’ils portaient à leur tutrice était pleine de reconnaissance.
Tout cela était certainement le plus important de ses objectifs de vie. Mais son goût pour le Beau faisait partie de sa nature, puisque dès l’âge de cinq ans elle dessinait au charbon sur les murs de la cuisine de sa mère, avec le projet de devenir « l’égale de Raphaël ! ». Sa passion était désintéressée car elle ne vendit jamais ses œuvres, ni dessin, ni tableau, ni sculpture. Mais les turripinois ont gardé précieusement en mémoire celui de l’église romane qu’elle a dessiné du coteau de Badieu, au-dessus de la gare actuelle.
Tour du Pin : le Château de Châbons vers 1820, par Stéphanie de Virieu. Remarquez l’église romane, la rue du portail de ville qui passe tout contre le Château et la cure qui est à l’emplacement de la rue actuelle.
Où se trouvait l’atelier de Stéphanie de Virieu à Grenoble?
Il est certain que lorsque Stéphanie de Virieu avait environ soixante ans, elle avait déjà établi son atelier de sculpture rue Raoul Blanchard. Le nom actuel de cette rue a remplacé celui de l'époque : "rue du Lycée" en raison du lycée de jeunes filles de Grenoble qui se trouvait à l’autre bout de rue, à l’orée de la rue Voltaire actuelle.
Le logis que nous avons repéré est situé exactement en face de l’entrée des voitures dans le souterrain du parking Lafayette. Ce Lycée avait été installé à la Révolution à la place d’un couvent ou d’un établissement tenu par les Jésuites (ce qui reste à vérifier). Mais il est fort probable que cet immeuble qui, encore actuellement, a gardé une allure quelque peu "aristocratique" mais modeste, avait été un pied-à-terre pour la mère de Stéphanie et ses enfants.
Cette perspective permettrait également de mieux comprendre comment, en plus des qualités et de la culture de sa mère, Stéphanie pu rencontrer des érudits ou des personnes qui se consacraient aux arts, aux lettres et aux sciences.
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